Rencontre avec Jeannie Kakayuk-Puxley, gagnante de l’Expo-sciences autochtone Québec 2014

2019 | 04 | 4
Histoires

En rétrospective de l’événement provincial organisé par la commission scolaire la semaine dernière à Kuujjuaq, nous avons rencontré Jeannie Kakayuk-Puxley, gagnante de l’Expo-sciences autochtone Québec 2014. Elle nous a fait part de l’importance de sa participation à cet événement, qui a eu répercussions positives sur son développement personnel et professionnel.

Peux-tu nous dire où tu es née et quelle est ta situation actuelle?

« Je suis née à Puvirnituq. Je vis actuellement à Montréal, mais je voyage beaucoup dans le cadre de mon emploi de conseillère en recrutement pour Mine Raglan. »

En 2014, tu as remporté l’Expo-sciences autochtone Québec, puis tu es allée à l’Expo-sciences pancanadienne, où tu as gagné de nombreux prix. Qu’est-ce que cela signifiait pour la jeune femme inuk que tu étais?

« J’étais très emballée, mais aussi très nerveuse. Je croyais cependant que j’avais une chance de gagner. Pas parce que je croyais être la meilleure, mais parce que j’avais confiance en la qualité de mon projet et en moi-même. »

Quelles ont été tes premières impressions à ton arrivée à l’Expo-sciences? Qu’est-ce que cela faisait d’être en compétition avec des élèves provenant des quatre coins du canada?

« Le niveau élevé de la compétition m’a laissée sans voix! Beaucoup de projets étaient vraiment difficiles à comprendre et j’ai commencé à douter de moi-même. C’est alors que j’ai rencontré d’autres élèves Inuits et des Premières nations qui m’ont beaucoup aidée : ils m’ont aidée à me sentir mieux et à l’aise. J’ai senti que j’avais ma toute ma place dans cette compétition. »

Quels ont été les faits saillants de ta participation à l’Expo-sciences pancanadienne?

« Rencontrer d’autres étudiants inuits et des Premières nations a été l’un des moments forts. Nous sommes d’ailleurs toujours en contact sur les médias sociaux. Un autre de mes moments préférés était un événement voué à l’ingénierie. Une des activités proposées était un jeu; j’ai commencé à jouer et j’ai plutôt bien réussi, facilement, sans vraiment penser à ce que je devais faire pour aller de l’avant. Puis quelqu’un m’a dit que ce que je venais de faire ÉTAIT en fait de l’ingénierie, un domaine qui m’avait toujours intéressée, mais que je n’avais jamais étudié. J’étais très fière de cet accomplissement! »

Quelle a été pour toi l’importance de l’Expo-sciences autochtone Québec?

« Elle a eu un impact énorme sur ma vie. Je suis une personne de nature sociable et ouverte, mais je n’avais jamais réalisé que je pouvais si facilement parler en public. Cela m’aide beaucoup dans mon emploi actuel. En tant que conseillère en recrutement, je fais beaucoup de présentations en public : cela ne me stresse pas du tout, je crois en moi et en mes aptitudes.

Lors de l’Expo-sciences pancanadienne, j’ai remporté le prix Weizmann Canada d’excellence scientifique. Cela m’a permis de participer à un programme de science estival à l’Institut Weizmann en Israël! J’avais dix-sept ans, c’était la première fois que je voyageais seule ET si loin de mon pays. J’ai eu un incroyable choc culturel; tout était si différent de ce que je connaissais. Et il y a eu des alertes à la bombe! La première fois que cela s’est produit, j’ai fait une crise de panique. Nous nous sommes tous rendus dans un abri souterrain – nous étions une centaine d’étudiants de partout dans le monde à attendre que l’alerte se termine.

Grâce à ce voyage, je sais maintenant que je peux voyager seule n’importe où et j’ai rencontré des gens des quatre coins de la planète qui m’ont invitée à leur rendre visite en Chine, en Suisse, en Australie et à bien d’autres endroits! »

Qu’as-tu fait après avoir reçu ton diplôme d’études secondaires?

« Je suis allée au CÉGEP Marie-Victorin à Montréal. J’ai d’abord suivi un programme général avant de me diriger vers l’éducation spécialisée; j’ai toutefois rapidement réalisé que ce programme ne me convenait pas dans son ensemble. Seuls quelques cours m’intéressaient. Je suis donc passée au CÉGEP Montmorency où j’ai étudié en sciences sociales. Cependant, j’ai dû abandonner mes études pour retourner à Salluit pour des raisons personnelles. »

Qu’as-tu retiré de cette expérience au cégep?

« J’ai appris à vivre de manière autonome, à gérer mon budget, à être indépendante… Je viens d’une petite communauté « tricotée serrée » où l’entraide est un mode de vie. Quand tu te retrouves à vivre seule, il y a tellement de choses que tu peux faire : tu dois être très responsable pour réussir parce qu’il n’y a personne pour prendre soin de toi. J’étais déjà une personne responsable, mais j’ai réalisé que je possédais des compétences dont je ne m’étais encore jamais servie. Mon expérience collégiale m’a fait grandir. Je le recommande à tout le monde! Quant à moi, je veux éventuellement retourner à l’école pour terminer ma formation. »