Formation des maîtres : entrevue avec Vinnie Baron

2019 | 06 | 1
Histoires

Alors que nous nous préparons pour l’institut d’été de formation des maîtres, rencontrons certaines instructrices de l’année dernière. En juillet 2018, nous avons en effet interviewé Rhoda Ezekiel, Vinnie Baron, Louisa Thomassie, Quppia Kaitak et Caroline Inukpuk. Elles nous ont parlé de leur rôle d’instructrices et nous ont fait part de l’importance pour elles de cette communauté d’éducateurs inuits au cours des années. Nous rencontrons aujourd’hui Vinnie Baron.

Relations Publiques : Dites-nous-en un peu plus sur vous et sur la communauté d’où vous venez…
Vinnie Baron : Je m’appelle Vinnie Baron et je suis originaire de Kangiqsualujjuaq, où j’enseigne depuis maintenant 18 ans. L’année dernière, j’ai occupé un poste de conseillère pédagogique. J’ai bien aimé l’expérience, mais cela m’a fait réaliser que mon cœur se trouve vraiment dans une classe, avec des élèves. Ainsi, en août dernier, je retournais à l’enseignement.

RP : Quel cours donniez-vous l’été dernier?
VB : J’enseignais les arts du langage, avec Caroline Inukpuk et Catherine Dench comme conseillères de cours. Le cours avait comme objectif d’apprendre aux participants à aider les élèves à développer leurs compétences linguistiques par le biais de la lecture, de l’écoute, de l’écriture et plus.

RP : En repensant au cours, y a-t-il un élément en particulier dont vous vous souvenez?
VB : Au début du cours, il a fallu quelques jours pour que tout le monde s’ajuste. Par la suite, les étudiants ont très bien participé. J’ai vraiment aimé ce moment, lorsque tout le monde a repris le train de l’apprentissage.

RP : Comment en êtes-vous venue à participer au programme de formation des maîtres?
VB : C’était ma première expérience à titre d’instructrice. On m’a abordée pour me demander si je souhaitais faire ma part… Et je n’ai pas pu refuser (rires…)!

RP : Avez-vous regretté de ne pas savoir dire non?
VB : Au commencement, oui. Avant le début de l’institut estival, tout cela me préoccupait un peu. Toutefois, après ma première journée d’enseignement, j’ai constaté que c’était bien amusant d’enseigner à des collègues. De façon globale, l’expérience a été amusante et j’ai même été surprise de constater à quel point je l’ai appréciée! Je ne m’attendais pas à cela.

RP : Qu’avez-vous le plus aimé de cette expérience?
VB : Beaucoup de choses en fait… J’ai bien aimé avoir l’occasion de connaître les enseignants qui suivaient le cours. Cela fait de nombreuses années que j’ai moi-même obtenu mon diplôme du programme de formation des maîtres. J’ai aussi bien aimé passer le contenu du cours en revue en me préparant à l’enseigner. Cela m’a permis de revoir certaines notions apprises il y a longtemps, ce qui s’est révélé très utile.

RP : Avez-vous obtenu votre diplôme du programme de formation des maîtres?
VB : Oui, j’ai obtenu mon certificat d’enseignement il y a environ 8 ans. Je n’avais d’ailleurs pas participé au programme de formation des maîtres depuis.

RP : Quand vous étudiiez dans le cadre du programme de formation des maîtres, de quoi avez-vous le plus bénéficié?
VB : C’était il y a de nombreuses années… Il semble que la matière à cette époque était un peu dépassée. Après avoir joué le rôle d’instructrice, je peux constater que beaucoup de nouveau matériel a été élaboré. Le contenu est bien à jour et a pour but de donner aux enseignants des outils et des ressources dont ils peuvent se servir sans tarder en classe. J’ai été agréablement surprise de constater que le programme de formation des maîtres avait fait beaucoup de chemin pour moderniser le contenu et les méthodes d’enseignement, notamment en ce qui concerne l’accès aux nouvelles technologies.

RP : Envisagez-vous d’enseigner de nouveau dans le cadre du programme de formation des maîtres?
VB : Pour nous, Inuits, l’été c’est sacré! Nous adorons aller sur le terrain en famille… Je ne sais donc pas pour l’instant si je serais en mesure de faire de nouveau ce sacrifice l’année prochaine. Il en va de même pour les enseignants qui ont assisté aux cours pendant ces deux semaines. Ils ont aussi manqué de précieux moments avec leur famille. L’hiver me conviendrait peut-être mieux… Je ne crois pas être en mesure de répondre à cette question maintenant. Attendons, et nous verrons bien…

RP : Quel conseil auriez-vous pour la prochaine génération de Nunavimmiut qui envisage une carrière dans l’enseignement?
VB : Vous êtes vraiment capable d’être vous-même lorsque vous travaillez avec les élèves. À titre d’enseignante, c’est un aspect de mon travail que j’apprécie beaucoup, chose qui ne se retrouve pas dans nombre d’autres professions. Les élèves veulent être respectés, et lorsque vous les respectez, ils vous respectent en retour. Lorsque vous avez de bonnes relations avec vos élèves, il n’est pas difficile de leur enseigner et de se retrouver avec eux. Vous pouvez être vous-même avec les élèves et échanger facilement avec eux, beaucoup mieux souvent qu’avec les adultes. De plus, si vous leur donnez le meilleur de vous-même, ils feront la même chose en retour. Une autre chose importante à savoir si vous voulez enseigner, c’est si vous êtes capable d’être avec vos élèves tous les jours, pendant toute la semaine. Vous devez accueillir tous les élèves dans votre classe avec un esprit ouvert. Certains vivent des difficultés à la maison, de sorte que vous devez adapter votre attitude en fonction des différents élèves qui fréquentent votre classe.