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Une histoire sur de jeunes joueurs de tambour Inuit

Photo: Martin Maheu
2022 | 08 | 31
Histoires

La visite de la gouverneure générale du Canada dans sa terre natale fait les manchettes depuis le mois de mai, et c’est toute une affaire pour le Nunavik! Mais ce n’est pas de cela que nous allons parler ici.

Cette histoire raconte comment une école a accueilli Mary Simon en grande pompe. Mieux encore, cette histoire porte sur de jeunes joueurs de tambour Inuit.

Depuis un certain temps, je voulais parler des cours de musique à l’école Jaanimmarik, depuis que l’école avait obtenu une subvention de MusiCounts en 2021 en fait. Cela avait depuis longtemps éveillé mes intérêts… Ça n’a pas été très difficile d’entrer en contact avec Sarah Russell, l’enseignante de musique de l’école, mais l’organisation d’une entrevue avec Sarah et certains de ses élèves a été toute une autre histoire! La pandémie de COVID-19 nous a empêchés de nous rencontrer jusqu’à…

Intervieweur: Bonjour tout le monde! Est-ce que vous m’entendez bien?

J’ai pu contacter Sarah et trois de ses élèves le 10 mai 2022, le lendemain de la visite de la gouverneure générale dans leur communauté. J’étais loin de me douter que ce n’était qu’une des nombreuses surprises qui m’attendaient.

Intervieweur: J’ai vu des photos sur Facebook dernièrement. J’ai remarqué que la gouverneure May Simon avait visité votre école hier. C’est bien ça? Et l’avez-vous accueillie avec un spectacle de musique?—

Élèves : OUI!! 

Leur enthousiasme était sincère et palpable! Ce qui avait commencé par une timide conversation téléphonique a rapidement évolué lorsque les évènements de la veille ont été abordés.

Pour vous mettre en contexte, Andrew, Jessie et Victor sont des élèves de 5e année. Sous la direction de Sarah, ils apprennent à jouer du ukulélé, du piano, du tambour RAV (tongue drum) et du tambour inuit. À l’école Jaanimmarik, les cours de musique sont obligatoires pour les élèves de 4e, 5e et 6e année, et les jeunes musiciens que j’ai rencontrés les apprécient beaucoup!

Intervieweur: Et puis, comment ça s’est passé? Comment s’est passé votre spectacle?

Élève : Oh, ça s’est bien passé.

Intervieweur: Je suppose que vous vous êtes bien préparés pour cet évènement. Est-ce que c’était stressant?

Élève : Non, ça ne l’était pas, c’était pas stressant. Et c’était amusant, c’était très amusant!

Sarah Russell: Et vous êtes-vous bien préparé pour ce spectacle?

Élève : Non, non, non, pas tant que ça!

Sarah Russell: Eh bien, je dois te dire quelque chose… Pour le tambour inuit, c’était un autre groupe qui devait jouer pour la gouverneure générale. Nous avions beaucoup pratiqué avec ce groupe. Mais la classe a été fermée parce que l’enseignant était absent… Je suis donc allée dans la classe d’Andrew, Victor et Jessie et je leur ai dit – « J’ai un défi de dernière minute pour vous. Je voudrais que vous pratiquiez cela dès maintenant. Et nous devons donner ce spectacle aujourd’hui. » Ils se sont vraiment investis et ont appris rapidement. Ils ont fait ce qu’ils avaient à faire comme des pros! C’était vraiment très fort! 

Élève : En une seule journée!

J’étais stupéfait! Être capable de donner un spectacle lors d’un évènement officiel, sans vraiment de préavis et devant la gouverneure générale en plus! Ça m’a épaté! D’autant plus que la capacité à se produire sous pression n’est pas la seule qualité requise pour un tel exploit. Dans ce cas, une confiance mutuelle entre les élèves et l’enseignant était essentielle.

Vous vous demandez peut-être ce que ces élèves vont faire maintenant qu’ils sont « accros » à la musique? Ils pourront continuer leurs cours de musique en 6e année et peut-être, je dis bien peut-être, que de nouveaux cours de musique seront offerts lorsqu’ils arriveront en secondaire III. En tout cas, mon seul souhait pour ces jeunes musiciens est d’entretenir la flamme.

Comme l’avait dit leur enseignante Sarah avant notre rencontre – « les cours de musique peuvent fournir des mécanismes d’adaptation sains et un sentiment d’appartenance. Pour les Nunavimmiut, c’est aussi une occasion de se connecter à leur culture et d’explorer le son d’une manière sensible et créative. »

Même si la conversation avait au départ porté sur les cours de musique, mon attention s’est rapidement tournée vers les élèves eux-mêmes. En discutant de leur expérience vécue en jouant d’un instrument, l’importance de pouvoir partager et s’exprimer est revenue à plusieurs reprises. « Je me sens libéré quand je joue de la musique », a dit l’un d’entre eux avec enthousiasme.

J’ai commencé l’entrevue en pensant que je ferais la lumière sur les cours de musique à Jaanimmarik, mais j’ai découvert que ce groupe de jeunes joueurs de tambour Inuit avait brillé depuis le début.

Andrew, Jessie et Victor, vous êtes vraiment super!