Entrevue avec Ulaayu Pilurtuut

PHOTO: JADE DUCHESNEAU BERNIER
2018 | 03 | 7
Histoires

L’équipe des Relations publiques a eu le plaisir de rencontrer Ulaayu Pilurtuut pour faire le point avec elle sur son parcours… Ulaayu a obtenu son diplôme de l’université McGill en décembre dans le cadre du programme de formation des enseignants offert par Kativik Ilisarniliriniq. Ce programme a pour objectif de permettre aux enseignants inuits d’obtenir un certificat d’enseignement du ministère de l’Éducation et de l’enseignement supérieur du Québec. Lors de notre conversation, nous avons appris quels grands défis Ulaayu avait dû relever lors de ses études et quelle avait été sa plus grande réalisation (indice – monter sur la scène). Pour en savoir davantage, poursuivez la lecture de notre entrevue et joignez-vous à nous pour féliciter Ulaayu Pilurtuut et Jeannie Palliser (qui n’avait pu être rejointe pour une entrevue au moment de publier l’article) pour une réalisation aussi marquante!

Bulletin des employés (BE) : D’entrée de jeu, félicitations pour cette incroyable réalisation! Nous sommes vraiment fiers de votre réussite!

Ulaayu Pilurtuut (UP) : Merci! Je suis très heureuse d’avoir réussi!

BE : Quel genre de diplôme avez-vous obtenu?

UP : J’ai obtenu un certificat en éducation pour les premières nations et les Inuits.

BE : Qu’est-ce que comprenait le programme?

UP : Le programme est proposé en collaboration avec l’université McGill. Les cours sont donnés en inuktitut par des enseignants inuits en coopération avec des professeurs de l’université McGill. Le programme de formation des enseignants est dispensé au Nunavik à longueur d’année et comporte notamment une session intensive de deux semaines donnée à l’université McGill. J’ai fait le programme tout en enseignant; cela a pris beaucoup de temps, mais ça en valait vraiment la peine!

BE : Sachant la quantité phénoménale de travail que représentaient votre vie familiale, un travail à temps plein et l’acceptation de nouvelles responsabilités, pourquoi avez-vous choisi de vous inscrire à ce programme?

UP : C’est l’amélioration des perspectives d’emploi qui m’intéressait. J’adore travailler avec les enfants et enseigner.

BE : Quel type de soutien propose-t-on aux étudiants qui s’inscrivent à ce programme?

UP : Vous pouvez compter sur le soutien de conseillers en formation des enseignants qui vous aident à bien comprendre ce que signifie l’enseignement. Et c’est sans compter sur les enseignants-ressources qui vous aident dans le cadre du programme. En fait, j’ai toujours eu un excellent soutien, ce que j’ai trouvé d’ailleurs très utile.

BE : Depuis combien de temps enseignez-vous?

UP : J’enseigne depuis déjà 25 ans.

BE : Wow! C’est une longue période… À quels cycles avez-vous enseigné?

UP : J’ai enseigné à tous les cycles, depuis la maternelle jusqu’au 5e secondaire. J’ai toujours voulu enseigner à divers cycles, chacun étant tellement différent.

BE : Quelle année aimez-vous particulièrement enseigner?

UP : La troisième année (enfants de 8 à 10 ans).

BE : Pourquoi la troisième année?

UP : Les enfants sont capables de lire et d’écrire à cet âge. Ou à tout le moins, ils sont en mesure de s’améliorer. Je peux les aider à améliorer les compétences qu’ils possèdent déjà. Ils adorent travailler de leurs mains, ils ont soif d’apprendre, sont curieux et s’intéressent beaucoup à tout ce qui les entoure.

BE : Quel est selon vous le grand défi de l’enseignement?

UP : Enseigner à écrire en inuktitut et à comprendre la langue. Il n’y a pas beaucoup de ressources en science et en mathématiques. C’est difficile d’enseigner le programme aux classes avancées.

BE : Comment avez-vous relevé ces défis?

UP : Je me colle le plus possible à notre culture. La science a toujours fait partie de notre vie. Nous nous en servions notamment pour nous orienter lors de nos déplacements. L’environnement est aussi un excellent sujet pour parler des sciences.

BE : Qu’est-ce qui vous a aidé à faire face à ces défis?

UP : Le nouveau programme a beaucoup aidé, mais aussi la possibilité de faire des activités pratiques en mathématiques et en science. Nous avons accès à plus de ressources, ce qui nous permet d’améliorer les cours. Les cartes-mémoire en mathématiques par exemple aident les élèves à améliorer leur calcul mental.

BE : Que diriez-vous à quelqu’un qui envisagerait de s’inscrire au programme de formation des enseignants?

UP : C’est vraiment une bonne perspective d’emploi. Nous enseignons en inuktitut, ce qui facilite grandement l’apprentissage. Et les enfants ont aussi beaucoup à nous apprendre. Vous devez toutefois être très motivé! C’est parfois très difficile et les défis ne manquent pas. Vous devez aimer les enfants et être prêt à les aider à devenir de meilleurs élèves. Mais l’emploi, ce n’est pas tout… vous devez aussi être heureuse lorsque vous enseignez aux élèves.

BE : De quoi êtes-vous la plus fière?

UP : C’était difficile… ce n’est pas toujours facile de quitter sa famille et ses enfants. Le chemin de la réussite est long et il faut beaucoup travailler. Mais cela en vaut la peine! Je suis fière d’avoir terminé le programme et d’être montée sur la scène pour recevoir mon certificat.

BE : Encore une fois, félicitations! Nous avons bien hâte de voir ce que vous ferez maintenant. Merci d’avoir pris de temps d’échanger avec nous aujourd’hui.