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À la rencontre de membres du personnel – Entrevue avec Alec Kudluk

Photo: Joseph Denis-Pelletier
2022 | 10 | 30
Histoires

Un homme fiable et plein de ressources

 

« Ne t’en fais pas, je m’en occupe! »

Ces paroles m’apaisaient. Soyons honnêtes : j’ai une opinion biaisée d’Alec. Il m’a évité beaucoup de problèmes et de stress quand j’ai visité Kangirsuk. Sa confiance et son sourire m’ont tout de suite mis à l’aise.

Alec Kudluk est directeur de centre à Kangirsuk depuis 2014. Alec a déjà travaillé dans cette école auparavant. En fait, il y a débuté sa carrière comme professeur d’éducation physique en 1985. Au fil des années, Alec a occupé plusieurs postes entre celui de professeur d’éducation physique et de directeur de centre.

« J’ai travaillé pour diverses entreprises en cours de route, et puis j’ai travaillé chez Air Inuit, puis j’ai été secrétaire-trésorier pour la municipalité… »

Mais pourquoi est-il revenu à l’école Sautjuit?

Ce qui a piqué ma curiosité était que ça semblait être un très bon emploi. C’était quelque chose que je pouvais faire, avec des défis que je pouvais relever. J’aime aussi travailler avec les élèves et les enfants. Donc, oui, je voulais revenir travailler avec les enfants. Ils sont plus faciles à gérer. Hahaha!

Alec Kudluk Directeur de centre de l’école Sautjuit à Kangirsuk

À l’entendre, on dirait que son travail est simple et sans souci, mais ce n’est pas le cas. En fait, c’est tout le contraire. Pour paraphraser ses propos : Alec fait de gros efforts chaque jour pour que le personnel, les élèves et les parents soient contents.

Pour être précis, ce que nous qualifions de directeur de centre chez KI, est le poste de liaison communautaire :

« Il est très important que la communauté sache ce qui se passe dans l’école. […] Par exemple, pour les bulletins ou les événements sportifs que nous avons prévus, nous voulons que les parents viennent voir et fassent partie de l’action. »

Mais cette relation n’est pas à sens unique. Pour Alec, ceci signifie que l’école et la communauté travaillent ensemble. Par exemple, les Aînés sont invités à l’école pour des activités culturelles, telles que « dépecer des caribous, cuisiner, faire du pitsik (poisson séché), et d’autres choses du genre. Ou même juste pour que les élèves écoutent leurs histoires. »

C’est dans cet esprit que l’école organise des activités parascolaires, telles que des excursions sur le territoire pour les élèves.

Ils sont toujours heureux d’être sur le territoire. Quand je vois leurs visages…je suis envahi par un sentiment d’avoir fait quelque chose de bien. Oui, c’est vraiment le moment dont je suis le plus fier. Quand nous organisons des excursions. Être sur le territoire à pêcher ou chasser avec les élèves…

Alec Kudluk Directeur de centre de l’école Sautjuit à Kangirsuk

Est-ce que j’ai mentionné qu’il était aussi l’entraîneur de basketball de l’école? Alec utilise cette occasion pour échanger avec les parties prenantes des autres communautés. Par exemple, l’année dernière, il a aidé à organiser des camps et des tournois de basketball au Nunavik, ainsi qu’un camp de formation à Montréal.

« C’est pour que les élèves aient hâte à quelque chose. Ça les motive. Ils viendront à l’école plus souvent s’ils ont accès à ces activités sportives, s’ils font partie de l’équipe. […] Je pense que nous devrions voir plus d’activités de ce genre. »

Comme si ça ne suffisait pas, l’une de ces nombreuses responsabilités est de gérer l’entretien des édifices de KI.

« Par exemple, si un enseignant a un problème avec sa maison, nous essayons de trouver une solution le plus rapidement possible. Nous sommes proactifs : si nous ne pouvons pas le faire, nous rapportons le problème au directeur régional de l’entretien et ensuite ils envoient une personne ou une pièce qui nous manque. Si nous pouvons régler le problème ici, nous le faisons ».

Il se sent responsable de fournir des services et du soutien aux membres du personnel. Par contre, cette tâche comporte son lot de défis. Recruter des gens, les maintenir en poste, les former… ce dernier aspect est particulièrement important pour lui :

« Lorsque nous recrutons, une personne du coin fera le travail. Mais elle a aussi besoin de formation. Comment faire ou arranger les choses. Malheureusement, c’est cet aspect que nous devons améliorer selon moi. J’aimerais que nous puissions offrir plus de formation et de soutien aux personnes embauchées localement, pour que nous puissions plus en faire localement, vous comprenez? »

Si j’avais à résumer le travail et la personnalité d’Alec Kudluk, je dirais qu’il joue plusieurs rôles – liaisons communautaire et directeur de l’entretien. Il crée de la cohésion, un objectif, et un sentiment d’appartenance pour les Nunavimmiut.

Ce fut un plaisir de te rencontrer, Alec!