Le nouveau curriculum de l’histoire du Québec et du Canada est inacceptable

2017 | 05 | 2
Communiqué de presse

Kuujjuaq (2 mai 2017) – Dans le cadre du développement d’un nouveau curriculum de l’histoire du Québec et du Canada, la Commission scolaire Kativik a investi des ressources et de l’expertise dans un processus qui fait preuve d’un mépris total des recommandations de la Commission de vérité et de réconciliation (CRV) et d’un manque d’intérêt manifeste de la part du gouvernement du Québec à s’engager auprès des Autochtones dans l’élaboration du contenu de l’éducation autochtone.

« Le nouveau curriculum de l’Histoire de Québec et du Canada est inacceptable. Non seulement il offre trop peu de contenu autochtone, mais il a été élaboré à partir d’un processus de consultation qui reproduit un modèle historique d’oppression, lequel continue de supprimer la voix inuite », a déclaré Alicie Nalukturuk, présidente de la Commission scolaire Kativik.

Au cours des 10 derniers mois, la Commission scolaire Kativik a participé activement aux travaux d’un comité créé par le ministère de l’Éducation du Québec afin d’examiner et de proposer des modifications au nouveau curriculum d’Histoire du Québec et du Canada. En février 2017, la commission scolaire a fourni de nombreux commentaires sur les éléments supplémentaires à inclure dans le programme d’études, et les thèmes essentiels à intégrer à l’histoire des Inuits au Québec et au Canada.

« Lors d’une réunion du Comité en février 2017, nous avons clairement été informés que le programme était déjà finalisé. La dernière version à laquelle nous avons eu accès ne reflète pas nos commentaires et nos recommandations. Dans sa version actuelle, le programme scolaire ne permet pas d’éduquer les Québécois au sujet de l’histoire commune que les Autochtones partagent avec les Québécois et les Canadiens non autochtones, a déclaré Mme Nalukturuk.

« Dans son rapport de 2015, la CVR a clairement identifié le besoin urgent d’éduquer les Québécois et les Canadiens au sujet des Autochtones. Malheureusement, l’examen du curriculum de l’histoire du Québec n’a pas été utilisé comme une occasion de le faire », a-t-elle ajouté.

La participation des représentants autochtones à des consultations liées au contenu du nouveau curriculum d’histoire a été lancée tardivement et seulement après des critiques croissantes d’experts et d’éducateurs concernant les lacunes du curriculum et son incapacité à refléter la diversité québécoise.

« Nous avons été invités à fournir une expertise et nous avons répondu immédiatement et de bonne foi. Cependant, le processus de consultation conçu par le ministère de l’Éducation n’a pas vraiment contribué à l’élaboration du curriculum. Le processus n’a pas été une véritable occasion de recueillir des informations et des commentaires auprès des représentants autochtones qui ont répondu à l’appel à l’aide du ministre », a ajouté Mme Nalukturuk.

Du fait de ce constat, la Commission scolaire Kativik est sérieusement préoccupée au sujet de l’engagement réel du gouvernement du Québec à mettre en œuvre les recommandations de la Commission de vérité et de réconciliation (CVR) liées à l’éducation. Plus précisément, la commission scolaire s’inquiète de la mise en œuvre des recommandations 12, 62, 63 et 64, qui concernent directement l’éducation et nécessitent une action gouvernementale au niveau provincial.

« Dans le cas des consultations sur le nouveau programme d’histoire du Québec, la création d’un poste de haute direction du niveau de sous-ministre adjoint ou plus haut consacré au contenu autochtone dans l’éducation aurait grandement contribué à un processus significatif », a ajouté Mme Nalukturuk. La création d’un tel poste a été recommandée par la CVR en juin 2015 (recommandation 62, iv).

En ce qui concerne le nouveau curriculum d’histoire, la Commission scolaire Kativik exige en outre que le gouvernement du Québec prenne des mesures immédiates pour :

  1. Intégrer dans le nouveau curriculum de l’Histoire du Québec et du Canada les 10 thèmes essentiels recommandés concernant l’histoire des Inuits au Québec et au Canada;
  2. Produire du matériel pédagogique supplémentaire qui reflète les recommandations, les idées et les commentaires des Inuits et d’autres Autochtones;
  3. Mettre à jour les examens du ministère afin de refléter le contenu et l’apprentissage liés aux Inuits et aux autres Autochtones;
  4. Assurer l’exactitude du contenu et des apprentissages du curriculum et des examens du ministère relatifs aux Inuits et aux autres Autochtones en la validant systématiquement auprès des Inuits et d’autres
  5. Assurer une consultation et une collaboration significatives avec les Inuits, les autres Autochtones et les éducateurs par rapport au développement du contenu de l’éducation

La Commission de vérité et de réconciliation a publié son rapport en juin 2015. À l’époque, le premier ministre M. Couillard a déclaré qu’il fallait réviser les relations avec les Autochtones. Il a en outre déclaré être en accord avec l’utilisation du terme « génocide culturel » pour faire référence au système de pensionnat du Canada. Il a également souligné l’importance des communautés autochtones pour aider à développer l’économie de la province.

À propos de nous :

La Commission scolaire Kativik (CSK) a été créée en 1975, en vertu de la Convention de la Baie James et du Nord québécois. Depuis 1978, elle a été l’unique fournisseur de services éducatifs à la population du Nunavik. Les programmes de formation élaborés par la CSK sont offerts dans toutes les écoles des

14 villages du Nunavik, en Inuktitut langue maternelle ainsi qu’en français et en anglais langues secondes. La Commission scolaire gère 17 écoles primaires et secondaires ainsi que 5 centres de formation des adultes. Pour d’autres renseignements, visitez : www.kativik.qc.ca

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Pour tout renseignement, veuillez communiquer avec :

Jade Duchesneau-Bernier Coordonnatrice des communications (514) 482-8220