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L’art, un langage qui permet aux élèves de Puvirnituq d’exprimer leurs préoccupations

Photo: Jade Duchesneau Bernier
2024 | 04 | 24
Histoires

En avez-vous entendu parler? Un groupe de 25 élèves de l’école Iguarsivik a non seulement gagné un prix Initiative, soit une distinction des prix de reconnaissance Essor, mais leurs œuvres sont exposées au Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) jusqu’au 2 juin 2024.

Nous avons rencontré certains acteurs clés de ce projet afin de vous le faire découvrir. Ici, nous vous proposons de découvrir les œuvres et ce qu’en disent les élèves.

Les élèves Connie Ittukalak (Puvirnituq) et Velesie Adams (Ivujivik) sont assises dans un coin tranquille du Musée. À l’écran de mon ordinateur, une journaliste leur demande : « Pourquoi des œuvres inspirées du dépotoir? »

« Parce que c’est tellement riche! », lui répond Connie sans hésitation.

Elle explique que toutes les choses qui y sont jetées, c’est un peu comme les archives du village. Il y a des objets d’une autre époque, d’autres qui peuvent être réutilisés, on ne sait jamais sur quoi on peut tomber. Il y a aussi des objets qui sont touchants de beauté… Des matières desquelles se dégage tout un esthétisme; la rouille, par exemple, ses couleurs et ses textures… C’est tout cela qui a inspiré les photographies prises par certains élèves.

Et en même temps, le dépotoir déverse aussi un poison invisible. « Il doit y avoir quelque chose qui peut être fait pour mieux gérer tous ces déchets », s’exclame Connie.

Dans la classe d’arts plastiques de l’enseignante Nathalie Claude, les changements climatiques et la pollution ressortent peu à peu comme une préoccupation importante pour les élèves. Ce thème est au cœur de leurs expérimentations artistiques, et ils l’expriment par la performance, la musique, les arts visuels et la photographie.

Au Nunavik, les effets des changements climatiques se font sentir au quotidien. « On avait l’habitude de fonctionner de concert avec l’environnement. Maintenant, ça devient difficile de savoir ce qui va se passer, surtout pour les chasseurs. La météo est chaotique… », dit Connie Ittukallak lorsqu’elle s’adresse, à Québec, aux gens venus assister à l’événement festif organisé en mars 2024 par le MNBAQ pour souligner l’exposition Tarratuutiq | Taima.

Je suis très fière de ce projet, d’avoir cette occasion de parler de ce qui se passe dans notre tout petit village. […] Je suis très honorée […] d’avoir un endroit pour en parler, car il n’y a pas beaucoup d’espaces où nous faire entendre pour exprimer ce que nous ressentons face aux problèmes de notre petit village

Connie Ittukallak Élève de la 5e secondaire, École Iguarvivik (Puvirnituq)

À Puvirnituq, les œuvres réalisées par les élèves ont été exposées dehors, sur les murs extérieurs de divers lieux du village. Elles ont été vues par des gens de toutes les générations. Elles ont suscité plusieurs questions, offrant aux élèves des possibilités de dialogue grâce auxquelles ils ont pu échanger sur leurs inquiétudes face aux changements climatiques.

Connie se dit étonnée par le potentiel de mobilisation de ce projet. « Ça a rassemblé tellement de gens de notre petit village. Des gens auxquels je ne m’attendais pas [y] ont participé. »

À l’image des Inuit, les œuvres réalisées par les élèves de l’école Iguarsivik ont habité le territoire. Elles continueront de le faire en voyageant vers d’autres villages du Nunavik au cours des prochains mois.

Faites connaissance avec l’enseignante qui a mené ce projet à bien ➔

Apprenez-en davantage sur la présentation des œuvres au MNBAQ ➔